Entre le Parc interrégional du Marais poitevin et la Commission locale de l'eau (CLE) du Lay, rien ne va plus. Au coeur de la discorde, le Schéma d'aménagement et de gestion des eaux (SAGE) du Lay.
Validé en février dernier par la Commission locale de l'eau (CLE) du Lay, le projet du Schéma d'aménagement et de gestion des eaux (SAGE) du bassin du Lay (1) suscite une vive critique de la part du Parc interrégional du marais poitevin. La CLE est présidée par Jean-Pierre Hocq, maire de Mareuil-sur-Lay et conseiller général.
« Le projet n'est pas conforme, ni sur le fond, ni sur la forme aux objectifs attendus par le Schéma directeur d'aménagement et de gestion des eaux du bassin de Loire-Bretagne (SDAGE) en matière de gestion soutenable des nappes et de la ressource en eau » explique Yann Hélary, président du Parc Interrégional du Marais poitevin.
Réduire de 70 % les pompages
Le président du Parc s'appuie sur une expertise de l'InterSAGE qui démontre « la relation de cause à effet entre les prélèvements agricoles et les assecs (rivières sans eaux, ndlr) estivaux de la zone humide dans le bassin versant du Lay ».
D'où le dépôt d'un amendement au projet du SAGE préconisant « une réduction de 70 % les pompages d'eau par l'agriculture irriguante, soit 15 gros irrigants concernés. Or Jean-Pierre Hocq, le président de la CLE du Lay ne les a pas examinés car il n'est pas d'accord ».
Jean-Pierre Hocq se justifie. « C'est irréaliste car on ne tient pas compte des conséquences économiques. La CLE a prévu de réduire de 25 à 30 % l'irrigation sans casser l'économie par des techniques nouvelles d'irrigation et des modes de cultures différentes. On compense en augmentant les volumes de pompages au printemps et en créant 1 million de m3 de réserves ».
Des irrigants pointés du doigt
« On veut le beurre et l'argent du beurre, déplore Yann Hélary. D'un côté, on crée des retenues d'eau financées par des fonds publics à hauteur de 16 millions d'euros et de l'autre, on continue à pomper l'eau dans les nappes. »
En pointant du doigt les irrigants, le président du Parc s'attire les foudres de Luc Guyau, président de la Chambre d'agriculture qui exprime son mécontentement dans un courrier adressé début mai à l'élu Vert et aux élus des communes du secteur. « Il les rend responsables de tous les maux, pire, il les accuse de se servir et d'être des profiteurs qui ne respectent pas les engagements ».
Aujourd'hui, Yann Hélary persiste et signe, envisageant même un recours juridique si la situation ne se débloque pas.
M.M.
(1) Le bassin du Lay, un territoire de 2 195 km2 où les principaux enjeux sont : la qualité des eaux, la gestion de la ressource, la protection et restauration des zones humides.
(2) La commission de coordination interSAGE regroupe les SAGE de la Sèvre niortaise, du Lay et de la Vendée et du marais poitevin.