"L'Or Bleu" : Un documentaire de Damien de Pierpont
L’eau à Marrakech est au coeur de la problématique du
développement économique du Maroc. Sécheresse, tourisme de
masse, mondialisation… contraignent la ville à privatiser la gestion
de son eau alors que la France, précurseur en ce domaine, retourne
progressivement vers la publicisation…
L’Or Bleu enquête sur un nouvel Empire, celui de l’eau.
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Un documentaire de Damien de Pierpont
Produit par Need Productions
DOSIER DE PRESE
L’eau à Marrakech est au coeur de la problématique du développement économique du Maroc. Sécheresse, tourisme de masse, mondialisation… contraignent la ville à privatiser la gestion de son eau alors que la France, précurseur en ce domaine, retourne progressivement vers la publicisation…
L’Or Bleu enquête sur un nouvel Empire, celui de l’eau.
SYNOPSIS Détaillé :
Comme beaucoup de pays, le Maroc doit faire face à l’un des nouveaux enjeux du
XXIème siècle : la gestion de ses ressources naturelles.
La région de Marrakech en est un parfait exemple.
En effet, la perle du Sud compte un million d’habitants et accueille chaque année deux millions de touristes consommant cinq fois plus d’eau que la population locale. Depuis dix ans, la sécheresse frappe durement Marrakech. Les nappes phréatiques s’épuisent dangereusement et pour les paysans qui n’ont pas des puits assez profonds, la situation est devenue dramatique. En revanche, les grosses exploitations agricoles, golfs, centres aquatiques... épuisent sans mesure les ressources.
Aujourd’hui, l’eau est gérée par les pouvoirs publics qui en assurent la production et la distribution. Mais confrontée à une demande d’eau croissante, la ville de Marrakech s’apprête à concéder la gestion de son eau à une société privée.
La privatisation de l’eau est un choix aujourd’hui adopté par la plupart des pays du monde. Ce système permet aux autorités locales de ne débourser aucun argent supplémentaire, le privé s’occupant de tout.
Faire payer les investissements et la maintenance par des factures, et non par des impôts, n’est pas sans conséquences. La demande collective disparaît au profit d’une demande individuelle et conforte l’accès à l’eau non plus comme un droit mais comme un besoin.
Deux multinationales dominent actuellement le marché mondial: Veolia et Suez.
Deux entreprises françaises car c’est en France que tout a commencé…
La gestion de l’eau par le secteur privé y est une longue tradition datant de la Révolution Industrielle, puis de la reconstruction du pays après la guerre. Malgré cela, les communes françaises remettent ce système en question et pour cause :
surfacturation, concurrence zéro, entente secrète, financement occulte des partis politiques, prix explosifs…. Ecartés par la France, Veolia et Suez sont contraintes de conquérir de nouveaux marchés…
Depuis les palmeraies marocaines jusqu’aux multinationales, «L’Or Bleu» enquête sur un nouvel Empire, celui de l’eau. Il donne la parole à tous les secteurs concernés : entreprises privées, hommes politiques, ONG, industrie touristique et agricole… pour en comprendre tout l’enjeu. Et en établissant un parallèle entre le Maroc et la France, le film prévient du danger de la privatisation de ce bien vital, aujourd’hui devenu denrée que l’on monnaie.
FICHE TECHNIQUE
Documentaire - 52 MINUTES - PAL 4/3
Réalisateur Damien de Pierpont
Image Dominique Henry
Son Ludovic Van Pachterbeke
Irvic D’Olivier
Thierry Tirtiaux
Marie-Agnés Beaupain
Montage image Virginie Messiaen
Assistant montage image Thomas Vanthuyne
Montage son Ludovic Van Pachterbeke
Musique originale Jean-Philippe Collard-Neven
Mixage Mathieu Cox
Un film produit par NEED PRODUCTIONS
En coproduction avec la RTBF (Télévision belge) & ARTE G.E.I.E, CBA Centre de l’Audiovisuel à Bruxelles
Avec le soutien de la Coopération belge au Développement – DGCD, Service financier fédéral Affaires étrangères, Commerce extérieur et Coopération au Développement
Avec l’aide du Centre du Cinéma et de l’Audiovisuel de la communauté française
de Belgique, des télédistributeurs wallons, et de la Région Bruxelles-Capitale
BIOGRAPHIE DU REALISATEUR
Damien est né deux fois : à Liège en 1968 et à Tokyo en 1986.
Liège a entendu ses premiers cris et vu ses premiers pas ; Tokyo où il a vécu une année à 18 ans lui a ouvert les yeux en lui offrant la possibilité de rencontrer une culture totalement différente.
Après un peu de droit et de philosophie à l’université belge et surtout après de nombreux voyages dans le monde, il entre à l’INSAS en réalisation. « Menteur » est son court-métrage de fin d’études. On y suit une tranche de vie de petit délinquant rusé. Puis c’est « Le Départ », un documentaire très personnel où il accompagne « sa mère japonaise » dans la fin du deuil de son mari à Tokyo. « L’Or Bleu » terminé, Damien de Pierpont vient de commencer la production de son nouveau projet : « Tarô ». Un dessin-animé où un enfant apprenti samouraï qui préfère jouer au cerf volant plutôt que d’apprendre à se battre, doit affronter le démon d’un volcan qui ravage toute la vallée. L’idée graphique est d’installer cette histoire dans l’esthétique des estampes anciennes.
Réalisations :
LE DEPART documentaire au Japon de 52 min, avril 1998, prod. SAGA Film, RTBF, WIP, avec l’aide de la Communauté française de Belgique.
- Grand Prix du festival du film éthnographique - “Prix Nanouk” – Paris 99.
- Mention du Jury aux écrans documentaires - Gentilly - octobre 99
- Prix d’encouragement audiovisuel de la SCAM - 1999
(Passages télévisuels : RTBF, NOS 1, TV Danoise, Planète.)
MENTEUR (35mm) fiction de 20 min,1996, prod. INSAS et Atelier de Réalisation
avec l’aide de la Communauté française de Belgique.
- Prix BRTN au festival de Bruxelles en janvier 97.
- Finaliste à l’”Academy of Motion Picture Arts and Sciences” pour le “Honorary
Foreign Film Award” (AMPAS - Beverly Hills - 97)
- Palme d’argent au festival mondial du cinéma de courts métrages à Huy en 97.
- Grand Prix de la CFB au festival MEDIA 10/10 à Namur en 97.
- Prix du Jury au festival de Munich en novembre 97.
- Prix du Meilleur Scénario au festival de Munich en novembre 97.
- 3ème Prix au festival de Tel-Aviv en juin 98.
(Passages TV: Canal+ France & Belgique, RTBF, BRTN, TV Danoise, TV5, Arte.)
En préparation :
TARO ET LE DEMON DU VOLCAN, Spirit Films, avec l’aide de la Communauté française de Belgique, dessin animé de 90 minutes.
INTERVIEW DU REALISATEUR
Damien De Pierpont, quel est votre parcours ?
Je suis né à Liège, en Belgique où après des études de Droit et de Philosophie, je suis parti vivre au Japon. C’est un pays que je ne comprenais pas. Son mélange de tradition et d’hyper modernité encore plus flagrant à l’époque me fascinait. Làbas, j’ai eu la chance d’être accueilli par une famille qui par la suite est devenue ma « famille de coeur ». Cette expérience a bouleversé ma vie. Sans cela, j’aurais pris une toute autre direction. Mes études ne rejoignaient plus mes espérances.
J’avais besoin de voyager… En revenant de mes périples, je suis entré à l’Insas où je me suis spécialisé en réalisation. J’ai ensuite fait plusieurs courts-métrages qui ont très bien marché dans les festivals.
Comment en êtes-vous arrivé au documentaire ?
Si je n’avais pas fait l’Insas, je n’en aurais sans doute jamais fait … C’est son corps professoral qui m’a fait découvrir la force, l’intelligence et la richesse du documentaire. Par la suite, « mon père japonais » est décédé et j’ai voulu témoigner de son absence en réalisant un film sur le deuil nippon et principalement sur celui de « ma seconde mère ». Je permettais grâce à ma relation avec elle de servir de passerelle et de montrer le Japon sous un nouveau jour... C’est terrible de dire ça, mais à sa diffusion, beaucoup de gens m’ont dit qu’ils étaient émus de découvrir des japonais « humains ». Mon but était atteint.
Un film très personnel donc…
Oui… C’est pour cela que je n’ai pas voulu en refaire un tout de suite après.
Je voulais retrouver cette intimité. J’ai mis beaucoup de temps à réaliser mon deuxième. Je n’ai jamais eu envie de faire un film pour faire un film. Il me fallait retrouver l’envie de raconter quelque chose…
Qu’est-ce qui dans « L’Or Bleu » a déclenché ce désir ?
La colère. Au Maroc, j’ai un ami qui a une petite ferme de trois hectares d’oliviers.
Depuis quelques années, il n’a plus d’eau dans son puits à cause de la surexploitation des alentours et c’est la même situation pour la majorité des paysans. Creuser un puits plus profond revient à quarante mois de salaires… Donc par rapport à ça, je me suis demandé comment je pouvais l’aider. Un documentaire mettant le doigt sur le fond du problème me semblait être la meilleure façon de lutter.
Comment avez-vous construit votre enquête ?
Dans un premier temps, le but était d’essayer de comprendre la gestion de l’eau à Marrakech. Comment est-il possible que toute une partie de la population n’ait plus accès à l’eau ? J’ai découvert que l’essentiel de la consommation part dans le tourisme de masse en pleine expansion dans cette région. Quand un touriste va à Marrakech, c’est pour retrouver les images qu’on lui a vendu sur internet : piscines, palmiers, espaces verts… Avant, la ville disposait d’un environnement approprié au climat. Aujourd’hui qu’y voit t’on ? Des jardins européens arrosés en permanence, des golfs, des parcs aquatiques… qui prolifèrent.
Le tourisme est-il le seul responsable de cette surexploitation ?
Non, il y a aussi l’agriculture intensive qui abandonne les cultures traditionnelles pour des cultures plus rentables. L’agriculture marocaine peut ainsi exporter vers l’Europe, tomates, salades, fruits… un mois avant l’Espagne. Ces cultures inappropriées à la région boivent énormément et seuls les gros exploitants ont l’argent nécéssaire pour creuser des forages assez profonds. Bien que les grosses exploitations agricoles se targuent d’avoir des systèmes d’irrigation économes, elles consomment au final beaucoup plus que la petite paysannerie. Là encore, les petits paysans en sont les premières victimes et doivent renoncer à leurs terres.
Que deviennent-ils ?
Ils migrent vers les villes. Le discours officiel prétend qu’ils viennent pour y vivre du tourisme. Évidemment, ce n’est pas comme ça que ça se passe. L’agriculteur moyen marocain ne parle pas français, n’a pas les qualifications requises et se retrouve dans des villes HLM ou des bidonvilles sans moyens de subsistance.
Tout cela est assez dramatique.
Quel danger représente cette surexploitation sur l’écosystème ?
L’épuisement des ressources en eau. On pompe déjà dans la réserve fossile, c’est-à-dire dans la nappe qui ne se renouvelle pas. C’est très inquiétant d’autant plus qu’il est impossible de connaître sa contenance. On sait juste que ce que l’on pompe actuellement n’est pas renouvelable. Les autorités comptent sur les barrages, mais s’il ne pleut plus assez ? Ces trente dernières années, Marrakech n’a connu que cinq années pluvieuses… Il est urgent d’arrêter de penser à court terme. Sinon on pourrait très bien avoir une ville sèche dans quelques années…
Que répondent les autorités face à ce constat ?
La privatisation ! Ils présentent ça comme la solution miracle en partant du principe que la loi de l’offre et la demande équilibre au mieux la consommation.
Ils sont persuadés qu’une société privée aura une gestion de l’eau plus efficace …
C’est pour eux, le meilleur moyen de satisfaire tout le monde.
C’est un argument recevable car le gaspillage existe…
Oui, mais qui gaspille ? Ce n’est pas le petit paysan avec son puits ou la famille qui fait plusieurs kilomètres jusqu’à une borne fontaine pour ramener de l’eau au foyer. En revanche, faire pousser du gazon en plein soleil, remplir des piscines et les caddys européens… c’est de l’eau perdue car très vite évaporée. Tout cela est important pour le tourisme et l’agriculture mais à quel prix ? Le film ne cherche pas du tout à démonter ces choix qui apportent emplois, investissements et devises au pays. Le film dit juste qu’il y a plus intelligent à faire et qu’il est urgent de trouver un compromis.
Mais le secteur privé n’est-il pas plus à même d’apporter compétences et investissements qu’un secteur public délabré ?
Il est vrai que le service public qui gère actuellement l’eau à Marrakech n’est pas au point. Les tuyaux sous terre qui apportent l’eau sont vétustes. Il y a 30% de fuites dans tout le réseau qui traverse la ville et c’est colossal. Qu’il y ait des problèmes dans la gestion publique est une chose évidente. On a tous été confronté à la lenteur administrative ou parfois, à une certaine incompétence.
Mais la réponse à ça est d’office la gestion privée. Je suis donc parti enquêter en France, pays précurseur dans ce domaine, pour vérifier les arguments des défenseurs du système privé.
La privatisation de l’eau en France est une longue tradition. D’ailleurs, les deux multinationales qui se partagent le marché mondial sont françaises : Véolia et Suez. Pourtant les choses semblent changer ?
Absolument. J’ai découvert que de nombreuses villes se libèrent des sociétés privées en cassant leurs contrats. Mais la lutte est rude car elles portent plainte contre les mairies rebelles et leur demandent des dommages et intérêts exorbitants. J’ai pris l’exemple de Neufchateau, une des toutes premières villes françaises a avoir osé franchir le pas. Suite à des hausses vertigineuses des prix, la municipalité a repris en main la gestion de son eau. Et depuis qu’ils ont remunicipalisé, il y a moins de fuites, le réseau fonctionne mieux et la mairie arrive même à diminuer le prix de l’eau !
Donc, le leitmotiv libéral qui dit que la concurrence amène un prix plus bas ne
marche pas?
N’oublions pas que les entreprises privées sont là avant tout pour faire des profits et satisfaire leurs actionnaires. Alors prétendre que la privatisation va améliorer l’accès à l’eau aux populations pauvres est un mensonge. Puisque le prix de l’eau augmente, l’accès devient au contraire plus difficile. Quant aux premières villes marocaines privatisées comme Casablanca, les premiers constats tendent là encore vers une hausse vertigineuse des prix, des bornes fontaines supprimées et des foyers privés d’eau parce qu’incapables de payer …
Mais la concurrence existe au moins lors des signatures des contrats ?
Si seules deux entreprises se partagent l’essentiel du marché mondial, peut-on réellement parler de concurrence ? Dans les faits, il s’agit plus d’un partage à l’amiable qu’autre chose. Par exemple, Paris est divisé en deux : rive droite Suez et rive gauche Véolia. De plus, les exigences qu’ils soumettent aux signataires sont clairement abusives. Les contrats signés sont extrêmement longs. Véolia vient par exemple d’engager Shangaï sur 50 ans ! En Afrique du Sud, les sociétés privées n’ont pas hésité à exiger l’interdiction des fontaines publiques pour concurrence déloyale. Dans des villes où parfois plus du tiers de la population vit en dessous du seuil de pauvreté, l’attitude est scandaleuse.
Mais alors pourquoi le Maroc n’en tire pas leçon en améliorant d’office son service public ?
La privatisation est un courant mondial. Que ce soit l’Union Européenne, l’OMC, le GATT… tous partent du principe que le service privé est le meilleur choix possible.
Le Maroc qui se développe économiquement devient du coup dépendant de ce contexte international. Par exemple, la Banque Mondiale veut bien lui prêter de l’argent pour construire des barrages et remettre son service à niveau, mais à condition que la gestion se fasse par le privé. En fait, le pays n’a pas le choix. Il est pris au piège.
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